Clémentine de Chabaneix
CLEMENTINE DE CHABANEIX
«Mes histoires sont des sculptures », dit Clémentine de Chabaneix. « Histoires universelles ou intimistes, angoissantes ou poétiques. La matière première est une émotion, un geste, un souvenir ». Ici se dessine un univers poétique et fantasque d'où naissent de petites sculptures de jeunes filles légèrement tristes, des dessins délicats d'enfants un peu diaboliques, des médaillons en faïence émaillée et, pour l'Espace 111, une installation émouvante.
Ses dessins, par exemple, racontent des histoires d'enfance, éternellement liées à la mémoire et au souvenir, de ceux qu'on a et de ceux qu'on se fabriquent, de ceux dont on rêve - beaux ou effrayants-, aux accents parfois magrittiens, de ceux, nostalgiques, qui résonnent en nous d'échos familiers mais lointains.
Des histoires en forme de conte de fée, dans lesquelles le merveilleux ne saurait en masquer les profondeurs inquiètes, parfois sombres et cruelles, les angoisses, les tensions, les peurs, les désirs, ce lot à « comprendre et dépasser »*, pour grandir.
Ses jeunes filles sculptées de céramique, sortes d'« Alice » adolescentes, burtoniennes, romantiques, fantasques, délicatement gothiques, sont saisies à ce moment de transformation, de métamorphose, ce moment de tumulte entre les mondes intérieurs, dans le détachement de l'époque de l'enfance, en quête de soi-même et d'un passage vers un nouvel âge. Elles sont saisies au moment de la lutte, du grondement face au monde, au moment de la révolution et de l'espoir aussi. Une évidente vitalité.
En 2011, Clémentine de Chabaneix avait, avec « Souvenirs imaginaires », créé une installation, avec sa sur jumelle : une maison de carton retraçant, des bribes de souvenirs de leur enfance commune, fictifs ou non. Aujourd'hui, à l'Espace 111, c'est encore la famille, et la filiation qui est à l'oeuvre dans une nouvelle installation, un bateau traversé d'un arbre, qu'elle décrit comme un hommage à son père. Ce bateau, sur lequel se tient un arbre en péril, exprime, dans l'ambiguïté de son état, la force de résistance de la vie contre l'oubli et la mort, dans la traversée du dernier fleuve, Styx ou Léthé. Sur l'autre rive, la métamorphose, le renouveau, la jeunesse et les rêves.
*daprès Bruno Bettelheim Psychanalyse des contes de fées
Née dans une famille dartistes, Clémentine de Chabaneix aime à dire qu'elle « vint au monde première jumelle par un dimanche pluvieux » de 1972, à l'est de la Tour Eiffel. Après des débuts comme actrice, elle se tourne vers la sculpture, se formant au dessin, à la peinture et à la sculpture au cours Pradier, à Paris, renouant ainsi avec une prestigieuse tradition familiale. Elle s'y consacre entièrement depuis 2000, et expose régulièrement, un peu partout en France, depuis 2003.
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